Petit guide TYW et ECW : l'infanterie
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Petit guide TYW et ECW : l'infanterie
La guerre de 30 ans s'étend de 1618 à 1648, avec les principales batailles concentrées sur la période 1620 à 1645. Le traité de Westphalie a été signé en 1648 mais le traité des Pyrénées entre la France et l'Espagne sera signé en 1659, soit dix ans plus tard. En France, la Fronde s'étendra de 1648 à 1653. Et si la France n'entre dans la guerre de 30 ans officiellement qu'en 1635, les guerres de religion auront lieu sur son territoire dans les années 1620 à 1628, et une rébellion aura lieu en 1632. La France participera par ailleurs à la guerre de succession de Mantoue (1628-31), conflit périphérique à la guerre de 30 ans, et s'attaquera à la Lorraine en 1634.
Pour sa part, la guerre civile anglaise s'étend de 1642 à 1645, avec des résurgences jusqu'en 1651.
La période couverte par ces différents conflits, sans même évoqué les conflits à l'est de l'Europe, est donc vaste.
Pour faire un parallèle, entre la date d'entrée de la France dans la guerre d'indépendance (1781) et le coeur des guerres napoléoniennes (1811, veille de la campagne de Russie) s'écoulent 30 ans. Trente ans, c'est aussi la différence de temps qui sépare 1915 de 1945...
Dans ce laps de temps, inutile de dire que la mode a évolué. Cette illustration de K.A. Wilke la résume parfaitement, à travers l'apparence du mousquetaire :
En dehors de l'armement qui évolue peu (abandon de l'arquebuse vers 1620-22, même si cet abandon fut progressif, et adoption du mousquet, développement des canons de petits calibres tels que le fauconneau), c'est surtout les tenues... c'est à dire la mode, qui a évolué et, dans une moindre mesure, l'armure du piquier.
Tout comme l'équipement, la mode ne change pas l'apparence du soldat moyen du jour au lendemain. Il faut du temps pour qu'une mode se répande, des classes les plus aisées (les officiers) aux "gens du commun" (le soldat, le paysan).
C'est ce que montre l'illustration de K.A. Wilke : la période 1640-45, par exemple, voit le soldat vêtu de pantalons lâches (mais plus de pantalons bouffants) et les pantalons droits. Quelques soient les nations ! La France était probablement un peu plus à la pointe de la mode (les Anglais, notamment s'inspiraient beaucoup de la France) mais même cette affirmation reste à démontrer.
Voici une autre illustration de cette évolution, pour des Bavarois : milieu de guerre à gauche et au centre, fin de guerre à droite :
Les figurines Perry (gamme guerre civile anglaise utilisable pour la plupart des nations continentales) illustrent bien cette évolution qui ne fait pas en un jour :
En 1642-45, les pantalons droit côtoient les pantalons plus lâches.
En parallèle, la taille du chapeau se réduit et la veste-tunique tend à s'allonger.
Les figurines TAG sont pour leur part révélateur de la période suédoise (1630-34) :
Avec pantalons plus larges (période 1625-45) et quelques bourguignottes portées par les officiers ou sous-officiers.
Wargames Foundry a quelques références typiquement fin de guerre (1642-48), avec uniquement pantalon droit et des coiffures plus diversifiées (typiques des français, des anglais mais on la trouve aussi chez les Allemands et donc probablement aussi chez les autres nations) :
Même évolution pour les piquiers, mais avec la problématique de l'armure en plus. Les soldats vont avoir tendance à alléger leurs armures, malgré les ordonnances. Ainsi, vers 1640-41, en France, il n'y a plus que les gardes françaises et certains vieux régiments qui portent l'armure. Le reste des piques ne porte plus, comme les mousquetaires, que le chapeau et la veste-tunique.
Le morion disparait rapidement dès le début de guerre, remplacé par le cabasset.
Exemple de pique espagnole pour la période 1620-1635 et surtout, évolution des casques sur cette période. Un cabasset ayant forme évoluée du morion et une bourguinotte.
Puis, à partir de 1625-30 apparait le cabasset, chez les suédois, français, etc... qui se répand. Les Espagnols (copiés probablement par d'autres nations) semblent adopter un casque de type cabasset mais ayant un style évolué du morion (base plus courbe, voir exemple ci-dessus). Exemple de l'équipement d'un piquier français (généralisable aux autres nations) vers 1635-40 :
Et un piquier français (idem pour les autres nations) vers 1643-45 :
Un piquier de 1630-35 (impérial ici, mais identique pour les autres nations), aura une armure identique mais un pantalon différent, des chaussures différentes (il arrive aux français - et probablement aux autres nations - de porter des bottes plus confortables, en campagne mais pas lors des revues ou des défilés en ville, parce que strictement interdit par le règlement !) :
Ce piquier porte aussi un "buffle" sous l'armure.
Pour terminer, il y avait une grande différence de tenue entre les troupes de garnison et les troupes de campagne, les troupes qui viennent juste d'être équipée par l'état ou le colonel du régiment (qui achetait souvent lui même des rouleaux de tissus d'une même couleur, généralement brut laine ou couleur bure, parfois grise pour les français, souvent plus colorés chez les protestants anglais, danois, suédois, et allemands, pour y découper l'ensemble veste-pantalon qui équipe le soldat de base). Un passage de Grimmelshausen (romancier picaresque allemand qui a participé à la campagne de 1636) le montre bien :
"Nous entrâmes dans la meilleure auberge (…) J’invitai même à boire des soldats d’autres régiments et jouai véritablement au jeune prince qui possède terres et sujets et à chaque année de gros revenus à dépenser.
Pour cette raison, nous étions mieux servis qu’un groupe de cuirassiers qui consommaient dans la même taverne, car ils ne faisaient pas de folies comme nous. Ils en conçurent du dépit et commencèrent à nous chercher querelle. « D’où vient, disaient-ils entre eux, que ces saute-buisson (car ils nous prenaient pour des mousquetaires, vu que rien ne ressemble tant à un mousquetaire qu’un dragon) font ainsi étalage de leurs écus ? (…) » Springinsfeld de leur répondre : « Est-ce que cela regarde les cireurs de bottes ? » (surnom donné aux cuirassiers). (…) Mais leur rancoeur leur remonta aux lèvres, et un grand gaillard particulièrement excité se mit à dire : « Si ceux qui conchient les murs (il pensait que nous tenions garnison dans la ville, parce que nos vêtements n’étaient pas aussi déteints que le sont ceux des mousquetaires qui vivent jour et nuit dehors) ne faisaient pas d’étalage sur leur fumier, où se feraient-ils donc voir ? On sait bien que chacun d’eux doit nécessairement tomber entre nos mains en rase campagne, de même que le pigeon devient le proie du faucon. » « Notre tâche, lui répondis-je, est de prendre les villes et les forteresses ; on les confie également à notre garde ; tandis que vous autres cavaliers, vous n’êtes pas capables d’attraper le moindre chien."
Voici un exemple de troupes en fin de campagne, en 1641 (des français mais peints par un espagnol... donc représentatifs de toutes les nations !) :
J'espère que cette synthèse vous aura été utile...
Pour sa part, la guerre civile anglaise s'étend de 1642 à 1645, avec des résurgences jusqu'en 1651.
La période couverte par ces différents conflits, sans même évoqué les conflits à l'est de l'Europe, est donc vaste.
Pour faire un parallèle, entre la date d'entrée de la France dans la guerre d'indépendance (1781) et le coeur des guerres napoléoniennes (1811, veille de la campagne de Russie) s'écoulent 30 ans. Trente ans, c'est aussi la différence de temps qui sépare 1915 de 1945...
Dans ce laps de temps, inutile de dire que la mode a évolué. Cette illustration de K.A. Wilke la résume parfaitement, à travers l'apparence du mousquetaire :
En dehors de l'armement qui évolue peu (abandon de l'arquebuse vers 1620-22, même si cet abandon fut progressif, et adoption du mousquet, développement des canons de petits calibres tels que le fauconneau), c'est surtout les tenues... c'est à dire la mode, qui a évolué et, dans une moindre mesure, l'armure du piquier.
Tout comme l'équipement, la mode ne change pas l'apparence du soldat moyen du jour au lendemain. Il faut du temps pour qu'une mode se répande, des classes les plus aisées (les officiers) aux "gens du commun" (le soldat, le paysan).
C'est ce que montre l'illustration de K.A. Wilke : la période 1640-45, par exemple, voit le soldat vêtu de pantalons lâches (mais plus de pantalons bouffants) et les pantalons droits. Quelques soient les nations ! La France était probablement un peu plus à la pointe de la mode (les Anglais, notamment s'inspiraient beaucoup de la France) mais même cette affirmation reste à démontrer.
Voici une autre illustration de cette évolution, pour des Bavarois : milieu de guerre à gauche et au centre, fin de guerre à droite :
Les figurines Perry (gamme guerre civile anglaise utilisable pour la plupart des nations continentales) illustrent bien cette évolution qui ne fait pas en un jour :
En 1642-45, les pantalons droit côtoient les pantalons plus lâches.
En parallèle, la taille du chapeau se réduit et la veste-tunique tend à s'allonger.
Les figurines TAG sont pour leur part révélateur de la période suédoise (1630-34) :
Avec pantalons plus larges (période 1625-45) et quelques bourguignottes portées par les officiers ou sous-officiers.
Wargames Foundry a quelques références typiquement fin de guerre (1642-48), avec uniquement pantalon droit et des coiffures plus diversifiées (typiques des français, des anglais mais on la trouve aussi chez les Allemands et donc probablement aussi chez les autres nations) :
Même évolution pour les piquiers, mais avec la problématique de l'armure en plus. Les soldats vont avoir tendance à alléger leurs armures, malgré les ordonnances. Ainsi, vers 1640-41, en France, il n'y a plus que les gardes françaises et certains vieux régiments qui portent l'armure. Le reste des piques ne porte plus, comme les mousquetaires, que le chapeau et la veste-tunique.
Le morion disparait rapidement dès le début de guerre, remplacé par le cabasset.
Exemple de pique espagnole pour la période 1620-1635 et surtout, évolution des casques sur cette période. Un cabasset ayant forme évoluée du morion et une bourguinotte.
Puis, à partir de 1625-30 apparait le cabasset, chez les suédois, français, etc... qui se répand. Les Espagnols (copiés probablement par d'autres nations) semblent adopter un casque de type cabasset mais ayant un style évolué du morion (base plus courbe, voir exemple ci-dessus). Exemple de l'équipement d'un piquier français (généralisable aux autres nations) vers 1635-40 :
Et un piquier français (idem pour les autres nations) vers 1643-45 :
Un piquier de 1630-35 (impérial ici, mais identique pour les autres nations), aura une armure identique mais un pantalon différent, des chaussures différentes (il arrive aux français - et probablement aux autres nations - de porter des bottes plus confortables, en campagne mais pas lors des revues ou des défilés en ville, parce que strictement interdit par le règlement !) :
Ce piquier porte aussi un "buffle" sous l'armure.
Pour terminer, il y avait une grande différence de tenue entre les troupes de garnison et les troupes de campagne, les troupes qui viennent juste d'être équipée par l'état ou le colonel du régiment (qui achetait souvent lui même des rouleaux de tissus d'une même couleur, généralement brut laine ou couleur bure, parfois grise pour les français, souvent plus colorés chez les protestants anglais, danois, suédois, et allemands, pour y découper l'ensemble veste-pantalon qui équipe le soldat de base). Un passage de Grimmelshausen (romancier picaresque allemand qui a participé à la campagne de 1636) le montre bien :
"Nous entrâmes dans la meilleure auberge (…) J’invitai même à boire des soldats d’autres régiments et jouai véritablement au jeune prince qui possède terres et sujets et à chaque année de gros revenus à dépenser.
Pour cette raison, nous étions mieux servis qu’un groupe de cuirassiers qui consommaient dans la même taverne, car ils ne faisaient pas de folies comme nous. Ils en conçurent du dépit et commencèrent à nous chercher querelle. « D’où vient, disaient-ils entre eux, que ces saute-buisson (car ils nous prenaient pour des mousquetaires, vu que rien ne ressemble tant à un mousquetaire qu’un dragon) font ainsi étalage de leurs écus ? (…) » Springinsfeld de leur répondre : « Est-ce que cela regarde les cireurs de bottes ? » (surnom donné aux cuirassiers). (…) Mais leur rancoeur leur remonta aux lèvres, et un grand gaillard particulièrement excité se mit à dire : « Si ceux qui conchient les murs (il pensait que nous tenions garnison dans la ville, parce que nos vêtements n’étaient pas aussi déteints que le sont ceux des mousquetaires qui vivent jour et nuit dehors) ne faisaient pas d’étalage sur leur fumier, où se feraient-ils donc voir ? On sait bien que chacun d’eux doit nécessairement tomber entre nos mains en rase campagne, de même que le pigeon devient le proie du faucon. » « Notre tâche, lui répondis-je, est de prendre les villes et les forteresses ; on les confie également à notre garde ; tandis que vous autres cavaliers, vous n’êtes pas capables d’attraper le moindre chien."
Voici un exemple de troupes en fin de campagne, en 1641 (des français mais peints par un espagnol... donc représentatifs de toutes les nations !) :
J'espère que cette synthèse vous aura été utile...
Dernière édition par Timur le lent le Ven 11 Mai - 11:39, édité 2 fois
Re: Petit guide TYW et ECW : l'infanterie
Super intéressant ! Quel boulot ! Merci Timur.
Bender Ostap- Messages : 914
Date d'inscription : 27/06/2017
Localisation : TOULOUSE
Re: Petit guide TYW et ECW : l'infanterie
O'také le type ! Merci bcp encore une fois.
Canis Latrans- Admin
- Messages : 623
Date d'inscription : 27/06/2017
Age : 53
Localisation : Blagnac (31)
Re: Petit guide TYW et ECW : l'infanterie
Pour les fantassins de la période 1618-1630 (ma période), j'ai trouvé un moyen "simple" avec les warlord: raccourcir les vestes de certains mousquetaires (pas des piquiers puisqu'ils sont en buffle), puis gommer à la green stuff liquide les aspérités. Celui qui a le temps peut rajouter les boutons latéraux des culottes, mais bon...
L'opération est assez rapide avec un bon cutter et des pinces coupantes de modélisme... Pour l'instant je compte réserver cette opération à mes arquebusiers "old style", et quelques mousquetaires aussi... Parce que j'ai des échéances à tenir !!
L'opération est assez rapide avec un bon cutter et des pinces coupantes de modélisme... Pour l'instant je compte réserver cette opération à mes arquebusiers "old style", et quelques mousquetaires aussi... Parce que j'ai des échéances à tenir !!
nicolus- Messages : 386
Date d'inscription : 19/11/2017
Age : 53
Localisation : Rabastens Tarn
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